Partir… On en rêve, on le désire, on l’attend et puis ça arrive. Ça vous tombe d’un coup, on a beau être préparé, être déjà parti avant, avoir son sac tout prêt avec tout ce qu’il faut, RIEN ne vous prépare à la surprise de l’arrivée en territoires inconnus; vos lectures, vos échanges, votre expérience ne peuvent vous apporter qu’un renfort de courte durée lorsque vous débarquez. Les premiers jours passent vite, beaucoup de choses à faire, à chercher, c’était prévu. Viennent ensuite les premières déconvenues, les espoirs bâtis sur une supposition qui s’avère fausse, l’hypothèse positive qui se révèle négative, le rêve qui prend des airs de dure réalité,… C’est la période du premier doute. Un doute pourtant bénéfique, car à ce moment, il reste la force de relativiser. Ce n’est qu’une mauvaise passe, des inattendus comme il peut en arriver, nous allons rebondir. Réorientons les recherches en fonction de nouvelles informations récupérées ici même !

Nouvelles recherches, nouveaux espoirs, nouveaux rêves, plus fort ceux-ci, on y croit plus, on veut y croire plus. Et nouvelles déconvenues… Qu’espériez trouver ici ? Des gens qui vous attendent à bras ouvert, clés en main, prêt à vous donner tout pour rien ? Non, si vous n’êtes pas dans le Réseau, vous n’avez pas accès à ce genre d’occasion, démmerdez-vous ! Quelle désespérante sensation que celle d’être bloqué à l’entrée du club devant le vigile qui vous indique que vous n’êtes pas membre… Et le pire, c’est que vous êtes là dans la file comme un con et que n’avez même pas envie d’entrer, dans ce club. Tous des faux-culs. Alors pourquoi pas sortir de la file ? Après tout, c’est facile suffit de franchir le cordon et hop, une nouvelle liberté ! Mais que faire alors de tout ce temps passé à attendre, à marcher petit pas par petit pas pour se rapprocher de la porte ?

C’est le deuxième doute (ou juste le second, je ne sais pas encore), le plus dur, celui qui remet tout en question, revient au fondement du Choix de partir, celui de la solitude extrême, face à soi même et à ses choix, dont on ne sait plus s’ils sont bons ou mauvais. C’est la perte de la relativité, il n’y a plus de repère : ville, amis, famille, tout et tous sont loin, physiquement, moralement, intellectuellement. Impossible de parcourir par la pensée le chemin qui vous mènent à ce Doute, aussi proche de vous que peut être une personne… Vous vous sentez vidé de votre contenance, vidé de vos convictions, sans énergie, sauf celle de dénigrer en bloc l’endroit que pourtant vous aviez choisi, avant, avec le sourire et la détermination du vainqueur. Qui peut vous aider ? Qui peut vous comprendre ? Que faire maintenant ? Tourner et retourner les mêmes questions dans sa tête pendant des heures, c’est aboutir à chaque fois à la même conclusion : personne ne m’aidera face à vos choix, personne ne vous prendra par la main cette fois, non les choses n’arriveront pas d’elles mêmes. Vous êtes TOUT SEULS. Vous subissez de plein fouet le résultat de votre Choix, sans artifice humain ni protection sociale.

Votre cerveau vous accompagne mais dans quel état : le moindre espoir ridicule vous fait monter au paradis et l’instant d’après c’est l’enfer; vous n’avez goût à rien et l’instant d’après vous ne savez pas où donner de la tête… Vous êtes perdus, perdus dans le néant ou le plein de l’espace de vos choix. Tout ses films et ses lectures sur la question du choix : leurs auteurs ont-ils si bien compris que cela la puissance du choix, l’impact sur l’être. Ces auteurs ont-ils réellement compris la prise de conscience de ce trou sans fond, ce précipice qui sommeillent en nous ?

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